Discours de clôture d’IBAF 2021
IBAF 2021 (en distanciel) vient de s’achever. Pour tout vous dire, je n’y croyais pas trop.
IBAF est un rencontre scientifique, bien sûr ; comme en témoigne les exposés auxquels nous venons d’assister, de très grande qualité, sans exception, et je le dis comme constat et pas comme affirmation. Les sessions posters, également – chacun méritant aussi un exposé oral – ont été d’une richesse hors du commun. L’Atelier organisé par le réseau RASTA a été, comme nous en avons l’habitude de les vivre, d’une pertinence vitale pour nos activités. Je salue également nos sponsors, nos partenaires, Agilent et Pantechnik, dont j’ai pu constater par moi-même l’accueil et l’écoute.
IBAF est un rencontre scientifique, bien sûr, mais pas que. IBAF est aussi une communauté, une tribu, une famille. S’il y a de la compétition entre nos laboratoires, je l’ai toujours trouvé saine, respectueuse, honnête et constructive. Il y a infiniment plus qui nous relie, que ce qui peut nous séparer. IBAF est aussi une histoire humaine, une des très rares manifestations où les frontières entre les ingénieurs et les chercheurs s’estompent. C’est peut-être la nature de nos instruments, jamais clés en main et jamais à prendre comme docilement acquises, qui fait que tout chercheur en notre sein comporte une part d’ingénieur ; tout ingénieur en notre sein comporte une part de chercheur. Je l’ai constaté sur tous les continents, et depuis mon rencontre voilà 30 ans avec le Cockroft Walton de 1.2MV, isolé à l’air dans un hangar d’avion à Sydney, avec le « CAMARI » de l’époque qui a dû monter dans l’ovni argenté porté à la tension, et ainsi se porter lui-même à cette tension, à 4m du sol, pour contrôler la source d’ions dans la tête de la machine, jusqu’à mes dernières interactions avec HVEE sur – là encore – la conception de nouveaux accélérateurs électrostatiques compactes, simples, pas chers. Cet esprit de pionnier persiste. C’est très curieux, car en principe maintenant nous pouvons sans doute faire des machines dociles et industriellement mûres. C’est le cas par exemple des implanteurs et irradiateurs industriels, des linacs de protonothérapie dans les hôpitaux, des colonnes accélératrices des microscopes électroniques. Mais cela ce n’est pas nous. Cet esprit de pionnier perdure, et je l’aperçois dans nos jeunes. Cet esprit n’est pas prêt à baisser les armes.
IBAF est un rencontre scientifique, bien sûr, mais pas que. C’est aussi la rencontre entre des personnes un peu pas comme les autres. Dans quel domaine peut-on présenter sans même que cela soit remarqué, des résultats obtenus sur des machines qui ont 50 ans passés, et celles qui n’ont même pas encore 50 mois ? Quels personnages peuvent exister, naviguer, grandir et s’épanouir dans un tel cadre ? C’est nous. C’est vous. Nous sommes en quelque sorte des « misfits », des individus qui n’entrent pas aisément dans un cadre imposé. Restons ainsi ! C’est notre force.
IBAF est un rencontre scientifique bien sûr, mais pas que. C’est une rencontre charnelle. Se retrouver 24/24 dans un lieu loin de tout ; se retrouver pour le petit déj, danser jusqu’à pas d’heure, être fatigué ensemble, ou alors exalté. C’est très particulier et je ne le connais nulle part ailleurs. C’est vraiment un truc de famille. La pandémie aurait pu tuer cela, mais je reconnais à travers de mon écran l’expression de cet âme ; dans les communications en marge, la complicité et la générosité de la mise en place des journées qui a été, je le reconnais bien volontiers, un peu rocambolesque du fait de mon propre manque d’organisation. Mais comme dans toute tribu bien soudée, notre réussite ne dépend pas d’un individu, mais de l’ensemble que nous sommes devenus.
IBAF est un rencontre scientifique, bien sûr, mais pas que. Il est aussi toute une organisation, assurée solidement et sans fanfare par la Société Française du Vide, depuis 18 ans. Je la remercie de votre part : Gweltaz et Hervé, ici présents ; Sabra partie maintenant mais que certains d’entre vous ont connu ces dernières années et qui nous a accompagné aussi sur notre chemin, et le Conseil d’Administration qui a en plus accepté nos petits écarts financiers. Merci, merci.
IBAF est un rencontre Scientifique, bien sûr. Mais la science, c’est vous. Merci à tous nos orateurs, tous nos présentateurs de posters, à nos orateurs invités qui ont accepté d’enrichir nos journées avec leurs contributions.
On est vers la fin. Il me reste à remercier tout le comité, qui est à la fois scientifique et d’organisation, et encore Gweltaz et Hervé, ainsi que la SFV qui ont tous contribué tellement à la réussite de ces journées, organisés pendant les différents confinements, avec des paramètres en évolution permanente. Je n’y croyais pas vraiment dans un IBAF virtuel, mais vous m’avez toutes et tous donné tort – je vous remercie !
Et comme on n’aime pas trop les adieux, ceci n’est qu’un au revoir mes amis. Rendez-vous 18h00 à la Fontaine de St Michel, et puis rendez-vous en « chair et en os » pour un IBAF à Jussieu en 2022 !
A bientôt !
Ian Vickridge